Timbre: La finette, œuvre d'Antoine Watteau (1684-1721)
Timbre: La finette, œuvre d'Antoine Watteau (1684-1721) : La carrière brève, mais riche d'avenir, d'Antoine Watteau (1684-1721) se situe bien au tournant de l'ordre classique vers l'art de la Régence. Depuis la mort de Colbert en 1683, Le Brun a été remplacé par Mignard, le dessin par la recherche de la couleur, la majesté calme et solennelle par la souplesse élégante et gracieuse. Autour du Palais-Royal de Philippe d'Orléans, les mœurs se sont libérées : les artistes n'ont plus à concevoir d'amples compositions pour de vastes galeries; les petits appartements, panneaux réduits et dessus de portes, les invitent à des paysages légers, à des scènes champêtres, à ce que l'Académie consacre en 1712 sous le nom de fêtes galantes, un genre de peinture animé par des personnages jeunes se divertissant en costumes de théâtre, dont le créateur, le maître est incontestablement Watteau. Le jeune peintre avait commencé par des scènes de guerre, d'après ce qu'il avait vu en sa ville natale de Valenciennes. Venu à Paris en 1711 , l'exemple de son maître Claude Gillot, attaché au théâtre italien, lui fait peindre des décors d'opéra, puis une série de Comédiens français, dont le célèbre Gilles du Louvre. Devenu en 1715, l'hôte du financier et collectionneur Crozat, en son château de Montmorency, Watteau connaît avec la trentaine sa phase heureuse, dont témoignent, avec l'Embarquement pour Cythère, deux panneaux sur bois exécutés en 1716, évoquant la danse et la musique, l'Indifférent et la Finette reproduite ici. Le cadre de ce tableau de 0,25 x 0,19 porte une étiquette ancienne, précisant que l'œuvre appartint à Madame de Pompadour qui en fit don à son frère; lors de la vente Marigny de 1782, Louis XVI pensa à l'acquérir, mais c'est la donation La Caze qui la fit entrer au Louvre en 1862. La Finette, c'est la malicieuse, l'ingénue naïvement rusée, le type idéal de la femme selon Watteau qui reparaît en toute son œuvre. Elle est assise sur le banc d'un parc, la tête tournée vers le spectateur, un toquet de velours posé sur une chevelure blonde tirée en hauteur. L'instrument dont elle joue a été sommairement appelé guitare, mandoline ou luth. Vu de dos, le long manche droit portant les trois clefs des deux chevilliers, ainsi que la trace des frettes divisant la touche, permettent d'identifier un théorbe, instrument d'accompagnement du chant auquel fait allusion La Fontaine: « Le théorbe charmant, qu'on ne voulait entendre Que dans une ruelle, avec une voix tendre ... ». Mais l'œuvre n'est ni un portrait ni un document d'histoire musicale : on en retrouve l'intention sur une feuille d'étude qui est à la bibliothèque de l'École des Beaux-Arts. Avec un Arlequin de Bal Champêtre, deux figures de la Finette y sont ébauchées, tandis que les costumes y sont rendus « dans une matière souple et soyeuse, chiffonnée et miroitante». C'est bien l'effort du coloriste qui s'est attaché à rendre ces tons gorge-de-pigeon, ces nuances d’aigue-marine marine, qui raviront Auguste Renoir, et qui inspireront cette page typique des Goncourt, excellents éducateurs de notre œil moderne : « Le ciel, la robe, la femme, apparaissent comme le caprice et la veine d'un marbre. Un peu chauffé dans le fond, du rouge d'un orage, un ton verdâtre met sa teinte glauque jusque sur les cheveux de la guitariste, et laisse entrevoir la femme au visage rose dans un clapotement d'eau de mer, sillonné de remous scintillant.
Année : 1973
Yvert & Tellier n° 1765
Categorie : Timbres poste
Famille : peintures / tableaux
Dessinateur : Pierre Gandon
Valeur neuf MNH ** : 0.40 €
Valeur oblitéré : 0.20 €