Timbre : CHARLES LE BRUN
Timbre : CHARLES LE BRUN : La carrière de Charles Le Brun (1619-16901 progresse suivant la hiérarchie de ses protecteurs. Un président aux comptes lui fait peindre la Galerie d'Hercule de l'hôtel Lambert. Le surintendant Fouquet le choisit pour enrichir son château de Vaux. Mazarin le présente à Louis XIV, qui le nomme Premier Peintre du Roi, directeur de la manufacture des Gobelins et de l'Académie de peinture; et, jusqu'à la mort de Colbert, qui l'appuya toujours, Le Brun règne en dictateur des Beaux-Arts au Louvre et à Versailles. C'est alors qu'il compose ses immenses fresques guerrières ou religieuses; mais sa prodigieuse activité s'étend au-delà, réalisant cartons de tapisseries ou décorations de navires, projets de statues ou modèles de meubles, encadrements de portes ou de fenêtres; elle conçoit l'ordonnance des cérémonies, des représentations théâtrales, des carrousels, de toutes les fêtes pour lesquelles Le Brun dessine, même sur des constructions provisoires, ces ornements somptueux correspondant à un goût dont il demeure l'arbitre incontesté pour la génération de 1660, Les compositions solennelles, les scènes allégoriques, les attitudes nobles et conventionnelles, font passer Le Brun pour un rhéteur ennuyeux; mais les décors qui nous en restent sont trop vides: il faudrait voir la Galerie des Glaces dans tout l'apparat de la Cour attendant l'arrivée du Roi, dans le faste des costumes et des tentures, des lumières et des fleurs, pour apprécier le métier et l'imagination de celui qui conçut de tels ensembles, Les ressources de ce métier, la puissance de cette activité, c'est dans les dessins de Le Brun qu'on les surprend. Les cinquante cartons saisis par Louvois à la mort du Peintre du Roi assurent l'authenticité et prouvent la richesse des trois mille pièces qui sont au Cabinet des dessins du musée du Louvre; mais le public n'en a vu qu'une partie au cours de deux expositions en plus de dix ans. La femme à genoux reproduite ici est extraite de ce fonds, Cette « sanguine avec rehauts de blancs sur papier beige » fait partie d'une série antérieure à 1650; car, au moment où Le Brun est appelé à l'hôtel Lambert, il travaillait pour un chanoine parisien, à un Massacre des Innocents qui fut peint en deux temps et qui est aujourd'hui à Dulwich en Angleterre. La femme est vue de profil à droite; elle se renverse en arrière, et griffe le soldat qui la repousse en lui arrachant son enfant, à peine silhouetté, Le pathétique du personnage est suggéré par un dessin linéaire dont les connaisseurs soulignent les qualités : la manière libre dont est indiquée la chevelure dénouée, la courbe d'un corps plus mollement féminin que dans les œuvres connues de l'artiste, et surtout l'expression traduisant l'angoisse devant le rapt dramatique et l'anéantissement tragique sous le coup qui va s'abattre sur l'enfant. On surprend ici la sûreté avec laquelle, comme en tous ses dessins préparatoires, Le Brun se contente d'indiquer largement le modelé pour fixer d'un trait la pose, le geste et l'expression, Pour lUI surtout, dont nos contemporains n'aiment guère la peinture, cette étude fait redire à l'amateur qu'un tableau achevé est parfois moins intéressant que le projet, l'ébauche ou l'esquisse, car c'est là que l'artiste nous laisse apercevoir les secrets de son observation, de son métier et de sa création.
Année : 1973
Yvert & Tellier n° 1742
Categorie : Timbres poste
Famille : peintures / tableaux
Dessinateur : Pierre Béquet
Valeur neuf MNH ** : 0.40 €
Valeur oblitéré : 0.20 €