Timbre : ALBERT CAMUS 1913-1960
Timbre : ALBERT CAMUS 1913-1960 : Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Mondovi, sur cette terre d'Algérie qui avait accueilli ses grands-parents, originaires d'Alsace Lorraine, côté paternel, et de Majorque, côté maternel. Orphelin dès l'âge de dix mois - son père, blessé en septembre 1911 à la bataille de la Marne, meurt peu après à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc -il passe ses premières années dans un petit logement de Belecourt, quartier pauvre d'Alger; élève à l'école communale, il est pris en amitié par son instituteur, Louis Germain, grâce à qui sa mère le laisse continuer ses études au Lycée d'Alger, en qualité de boursier. Là, conscient que sa pauvreté pourrait l'éloigner de ses condisciples fortunés, il décide de s'imposer par une supériorité à la fois intellectuelle et physique - il joue au football - et réussit dans son entreprise au point de se voir affectueusement surnommé« Le Petit Prince ». Après le baccalauréat, il connaît de sérieux ennuis pulmonaires puis, rétabli, s'inscrit en 1932 à la Faculté des Lettres d'Alger afin de préparer une licence de philosophie. Contraint d'exercer divers métiers pour assurer sa subsistance, il obtient cependant sa licence en 1935, compose un mémoire de Diplôme d’Etudes Supérieures intitulé «Néo-Platonisme et Pensée chrétienne», mais, finalement, se voit interdire l'accès au concours de l'agrégation pour raison de santé. Cette décision administrative marque un tournant important dans la vie de Camus lequel, après avoir lu « La Condition humaine» d'André Malraux, s'est découvert une vocation d'intellectuel« engagé», vocation qui va le conduire à exercer désormais son action dans le triple domaine du théâtre, du journalisme et de la littérature. Sans doute parce que le théâtre est pour lui, avec le stade, « le seul lieu au monde où il se sente vraiment innocent», il en connaîtra tous les aspects: acteur, à la Compagnie théâtrale de Radio-Alger; animateur d'une troupe d'amateurs, le« Théâtre de l’équipe»; auteur, avec des pièces comme Caligula (1938) - qui révélera huit ans plus tard au public un jeune comédien nommé Gérard Philippe - avec aussi Le Malentendu (1944), L’État de Siège (1948), Les Justes (1950); adaptateur de pièces étrangères, parmi lesquelles La Dévotion à la Croix de Calderon (1953), Requiem pour une Nonne de Faulkner (1957), les Possédés de Dostoïevsky (1959). Journaliste, Camus débute en 1938 à Alger Républicain; comme au lycée jadis, son ascension est fulgurante et il se signale bientôt par la qualité de ses reportages, la 'vigueur de ses éditoriaux et de ses enquêtes, parmi lesquelles celle, impitoyable et courageuse, qu'il Consacre en juin 1939 à la situation en Kabylie. Secrétaire de rédaction à Paris Soir au printemps de 1940, il part à Oran au début de 1941 puis rejoint la Résistance française en décembre, prenant une part de plus en plus grande à l'élaboration du journal clandestin Combat dont il deviendra officiellement le rédacteur en chef à la Libération. Après environ deux ans, il abandonnera cette fonction, reviendra quelque temps et se retirera enfin, déçu que la presse n'ait pas su conserver un visage conforme à son idéal. Regroupée dans les recueils intitulés Actuelles, son œuvre de journaliste politique s'augmentera pourtant après 1955 d'une dernière partie, de loin la plus pathétique, constituée par les articles angoissés que lui inspire la tragédie algérienne. Après Camus homme de théâtre et journaliste, reste Camus penseur et écrivain. On peut situer ses débuts en 1937 avec la parution de L'Envers et l'Endroit, recueil de souvenirs de jeunesse, précédant d'une année Noces, série d'essais écrits dans une prose extrêmement riche et qui clament sa joie de vivre sous le soleil méditerranéen. Mais, c'est durant la sombre période de l'occupation qu'il va concevoir la plupart de ses œuvres maîtresses : ainsi, 1942 voit paraître presque simultanément Le Mythe de Sisyphe, essai philosophique, et L'Étranger, récit montrant la position inconfortable de l'homme en face de l'absurdité du monde; presque en même temps, sont publiées clandestinement les Lettres à un ami allemand qui exaltent la nécessité de défendre l'idéal de justice pour « rester fidèle à la terre ». La paix revenue, Camus obtient en 1947 le Grand Prix des Critiques avec son roman La Peste dans lequel il pose le problème du mal vaincu par un effort de solidarité humaine. Dès lors, essais philosophiques et récits se succèdent: L'Homme révolté (1951), L'Été (1954), La Chute (1956), L'Exil et le Royaume (1957). En cette même année 1957, trois mois après la publication des Réflexions sur la peine capitale écrites en collaboration avec Arthur Koestler, c'est la consécration suprême: le Prix Nobel de Littérature, attribué à Camus « pour son importante œuvre littéraire qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes». La remise de cette haute récompense donne l'occasion au plus jeune lauréat après Kipling de faire connaître son point de vue sur les rapports entre l'artiste et son temps dans les Discours de Suède qu'il dédie avec gratitude à son ancien instituteur, Louis Germain. Ainsi parvenu au faîte de la gloire littéraire sans avoir pour autant achevé une œuvre dont les grandes lignes nous sont connues grâce aux Carnets, Albert Camus devait trouver prématurément la mort le 4 janvier 1960, dans un accident d'automobile constituant à vrai dire l'illustration parfaite de cet absurde qui avait tenu tant de place dans ses écrits. En ce triste jour d'hiver, c'est non seulement un des maîtres à penser de sa génération qui a disparu mais un homme d'action courageusement engagé de tout son être pour s'efforcer de jeter les bases d'une unité spirituelle et morale de l'humanité.
Année : 1967
Yvert & Tellier n° 1514
Categorie : Timbres poste
Famille : écrivains
Dessinateur : Claude Durrens
Valeur neuf MNH ** : 0.15 €
Valeur oblitéré : 0.15 €