Timbre : LE MOUTIER D'AHUN
Timbre : LE MOUTIER D'AHUN : Beaucoup d'amateurs et de touristes connaissant mal la Creuse apprendront par ce timbre l'existence des boiseries du Moutier-d'Ahun. L'administration des Beaux Arts elle-même leur attachait peu d'importance, puisqu'elle en a laissé la restauration à un prêtre zélé et averti qui fut curé du Moutier de 1904 à 1963. La localité est bâtie, à 20 km au sud-est de Guéret dans un paysage d'une harmonieuse poésie, sur les bords de la Creuse, dont les eaux claires sont enjambées par un pont médiéval. Le site est voisin de l'antique voie reliant l'Auvergne au Limousin, et d'un domaine gallo-romain au nom celtique d'Acitodunum, devenu au Xe siècle « l'Ak-Dunn », dont le seigneur donna des terres aux moines d'Uzerche pour y établir une filiale. La fondation connut les vicissitudes habituelles au cours des âges; activité attirant colons et ouvriers, influence et prospérité croissantes, constructions plus étendues, puis dommages causés par la guerre de Cent Ans, et. durant les guerres de religion, sièges et incendies détruisant le monastère et une partie de l'église. L'édifice, dont le plan primitif était la croix latine, fut réduit. dès le milieu du XVIIe siècle, à ce qu'il est de nos jours. Le beau portail. seul vestige de la partie gothique, donne accès à un jardin dessinant l'ancienne nef. Au-delà, se dresse le clocher roman, qui domine le carré central du transept; du chœur et de l'abside, l'architecture intérieure est éclipsée par l'intérêt qui se porte tout de suite sur les boiseries. En effet. au cours de travaux de réfection, les moines du Moutier-d'Ahun, qui devaient « fournir le bois nécessaire» passèrent. il y a 300 ans, un traité avec un « maître sculpteur auvergnat », Simon Baüer; ils commandaient un retable pour encadrer le maître-autel. des stalles surmontées de panneaux décoratifs, et une grille de clôture pour le chœur. L'ensemble que Baüer effectua en partie seul. fut réalisé, d'après des dates apparentes, entre 1673 et 1681. Les stalles s'alignent de part et d'autre, le long du mur Nord et du mur Sud, sur deux rangées, huit à l'étage supérieur et cinq à l'inférieur. Les accoudoirs ainsi que les « jouées» qui limitent les places, -rune d'elles est le sujet de cette figurine -présentent une abondante décoration. Les motifs, comme souvent dans les ornementations religieuses, s'inspirent des sujets les plus profanes: levrettes, chiens, enfants chevauchant un dauphin ou poursuivant un écureuil sur un chêne, homme au torse nu portant sur la tête une corbeille de fruits, bustes de femmes ou, comme ici, corps de sirène. Par cette diversité, l'artiste a vraisemblablement voulu symboliser l'étroite communion de la création avec son créateur; mais l'inspiration fantaisiste n'est pas sans lien avec la technique, dérivée de la forme même du matériau brut. Cette décoration très fouillée, dont la vogue serait venue d'Italie, était fort appréciée en ces régions où la pierre tendre faisait défaut. et où abondaient chênes et châtaigniers, ébauchant des suggestions de formes, et sollicitant l'imagination et la main de l'artiste, Patiemment nettoyées, pieusement mises en valeur. ces œuvres sont admirablement conservées, Leur symbolisme puissant. leur poésie délicate, leur perfection d'exécution donnent l'impression immédiate de la maîtrise, et leur ensemble présente le plus remarquable spécimen d'un art qui fleurira dans le centre de la France durant tout le cours du XVIIième siècle.
Année : 1973
Yvert & Tellier n° 1743
Categorie : Timbres poste
Famille : sculptures / statues
Dessinateur : Jacques Combet
Valeur neuf MNH ** : 0.40 €
Valeur oblitéré : 0.20 €