Timbre : CENTRE DU FUTUR ARC-ET-SENANS SALINES DE CHAUX - NICOLAS LEDOUX
Timbre : CENTRE DU FUTUR ARC-ET-SENANS SALINES DE CHAUX - NICOLAS LEDOUX : Une dizaine d'œuvres de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), dans le bassin parisien et en Franche-Comté, témoignent encore aujourd'hui de ce grand architecte français du XVIIIe siècle. Il s'agit d'abord d'œuvres classiques, celles d'un Ledoux architecte du roi : un pavillon à Louveciennes et des écuries à Versailles pour Mme Dubarry, l'hôtel d'Halwyll à Paris, un ensemble de pavillons à Eaubonne (dont la mairie actuelle), le château de Bénouville en Normandie, le grenier à sel de Compiègne et le théâtre de Besançon en grande partie détruit par un incendie en 1958. Mais Ledoux était aussi un visionnaire hors de son siècle : le théâtre de Besançon est l'un des premiers conçus pour le plus grand nombre et non pour quelques privilégiés. Visionnaire social dont on retrouve les inspirations dans son ouvrage « l'Architecture considérée sous le rapport de l'art, des mœurs et de la législation», Ledoux anticipait aussi sur l'architecture de son temps; on pourra le découvrir dans la « fabrique» du parc de Maupertuis près de Coulommiers, les propylées de Paris et surtout la saline d'Arc-et-Senans dans le Doubs, à 34 kilomètres au sud-ouest de Besançon, près de Dole et du Jura, édifiée entre 1775 et 1779. Dans les dix bâtiments qui composent un des plus " prestigieux ensembles conservés du XVIIIe siècle, Ledoux réalisait une Saline royale pour le traitement du sel, avec les logements de la direction et des différents corps de métiers. La saline, alimentée par les eaux du banc salifère de Salins, avait été installée à proximité d'une immense réserve de combustible, la forêt de Chaux. En considérant que le sel serait plus aisément transporté que le bois de chauffage, l'architecte faisait déjà un calcul d'aménagement du territoire et concevait l'un des premiers pipe-lines, constitué par des troncs d'arbres, remplacé ensuite par une canalisation en fonte. Imaginées sur les plans, de nombreuses constructions ne purent être exécutées car il eût fallu faire appel au Ministère des Postes et Télécommunications -1970 - N° 30. béton apparu un siècle plus tard. Il s'agissait souvent de bâtiments sphériques tant Ledoux était inspiré par la création, l'organisation et le système solaire. Aux salines mêmes, les bâtiments sont disposés en demi cercle et voulaient être le centre d'une « ville idéale» répartie tout autour. L’être suprême et l'Esprit maçonnique furent pour Ledoux des références aussi profondes que l'enthousiasme pour l'industrie et la croyance aux lois de la nature. Les Salines royales d'Arc-et-Senans furent exploitées pendant près d'un siècle. Les propriétaires se succédèrent ensuite et le dernier extrayait de la pierre pour des chantiers. Il fit sauter trois bâtiments à la dynamite en 1920 lorsqu'il apprit que le Ministre des Beaux-Arts avait décidé de faire classer cet ensemble exceptionnel. Il fallut plus de quarante ans pour que l'État et le département du Doubs puissent lui redonner vie, selon la conception actuelle qui veut que la restauration ne s'arrête pas à la remise en état immobilière. Nulle autre destinée que celle de devenir un grand centre international de réflexion sur le futur ne pouvait mieux convenir à ce monument. C'est cette décision qui a été prise par plusieurs ministères français qui ont conjugué leurs efforts à l'initiative de la Délégation à l'Aménagement du Territoire en 1968. Les Salines auront un rôle régional actif et trouveront, avec les réunions de « prospective» et les chercheurs qui y viendront, une mission internationale très utile. Les bâtiments, qui resteront ouverts aux visiteurs, abriteront, en effet, des groupes de chercheurs de toutes disciplines venus scruter les avenirs possibles de nos sociétés humaines, à des horizons de dix, vingt, cinquante années ou plus. Claude-Nicolas Ledoux, qui était à la recherche d'un « futur voulu» et non d'un « futur subi », trouvera ici le prolongement de son œuvre et de ses anticipations.
Année : 1970
Yvert & Tellier n° 1651
Categorie : Timbres poste
Famille : manufacture / usine
Dessinateur : Claude Haley
Valeur neuf MNH ** : 0.20 €
Valeur oblitéré : 0.15 €