Timbre : ÉGLISE SAINT AUSTREMOINE-ISSOIRE
Timbre : ÉGLISE SAINT AUSTREMOINE-ISSOIRE : Le premier timbre de la série artistique 1973 représente le chapiteau de la Cène. en l'église Saint-Austremoine d'Issoire, dans le Puy-de-Dôme. Cet édifice est ·tout ce qui reste d'une abbaye qui, par ses origines, est la plus vénérable de l'Auvergne. Une tradition datant du Vie siècle en fait remonter la fondation à l'un des sept évêques arrivés en 250 pour évangéliser la Gaule. Austremoine aurait fondé l'église de Clermont. puis, après avoir poussé vers Nevers et Bourges, se serait retiré dans un monastère construit à Issoire. L'église actuelle est du deuxième tiers du XIIe siècle : construite après la série de ses sœurs auvergnates. elle en est le couronnement, comme l'illustre bien la composition extérieure du chevet. La seule considération du chapiteau de la Cène amène à réfléchir sur l'essence même du style roman. C'est une architecture qui, comme on dirait aujourd'hui, est d'abord fonctionnelle, et le chapiteau est en premier lieu le support d'une voûte. Les volutes, en saillie aux angles, dessinent bien ici le socle carré qui assure cette solide assise; et les feuillages verts qui les encadrent ne sont que les restes de l'acanthe du chapiteau corinthien, libérant des espaces pour d'autres intentions, qui ne sont pas uniquement décoratives. Car « le décorateur roman, comme le remarque Focillon, veut faire parler l'église». Sans affaiblir les masses architecturales, il fait monter au sommet de la colonne, comme sujets de méditations religieuses, des représentations de l'Ancien et du Nouveau Testament. comme Adam et Abraham ou les personnages de la Nativité et de la Résurrection. C'est pourquoi le maître d'œuvre d'Issoire encadre l'autel où se célèbre la messe, de deux motifs qui en expliquent l' origine, le sacrifice du Christ sous sa double forme, sanglante et liturgique, la Passion et la Cène. La seconde de ces représentations est justement célèbre pour de seules raisons artistiques : adroite utilisation de l'espace par la disposition circulaire, hiératisme des attitudes compensé par l'expressivité des visages, ligne blanche de la nappe entourant le pilier dans une nette volonté descriptive, mais aussi dans un effet symbolique de l'union réalisée par le banquet mystique. Il y aurait des réserves à faire à propos des couleurs. Les restaurations du XIXe siècle, en même temps qu'elles risquaient d'audacieux masticages, ont-elles respecté les nuances originales? Les spécialistes nous disent que "la couleur authentique se contentait peut-être de souligner les reliefs: le vrai sculpteur, pensent les modernes, sait que les volumes s'enlèvent d'eux-mêmes ... L'œuvre n'a pourtant pas été défigurée: les hommes du XIIe siècle n'avaient pas notre goût pour les églises décapées, les sculptures dépouillées au dessin nu : ils aimaient les couleurs et les ornements riches, dont ils comblaient leurs sanctuaires, comme de témoignages de leur foi et de stimulants de leur ferveur. Et nous n 'avons pas de raisons de nous montrer plus difficiles que Mérimée, que son goût très sûr n 'empêcha pas d'adresser à Bravard pour son travail, les félicitations de l'Inspection des monuments historiques.
Année : 1973
Yvert & Tellier n° 1741
Categorie : Timbres poste
Famille : bas-reliefs
Dessinateur : Claude Haley
Valeur neuf MNH ** : 0.40 €
Valeur oblitéré : 0.20 €